2009-2012 — Journées d’étude LAPS


Les activités de l’équipe LAPS ont donné lieu à des journées d’étude (interventions de doctorants et de chercheurs).

« Changements de voix : approches didactique, orthophonique et analytique »

(le 4 mai 2012 : demi-journée d’étude) Télécharger le programme

  • Lilli PARROTT (LAPS, Université Paris 8) participa au débat à l’issue des trois présentations.

« Études croisées sur le genre »

LAPS a participé au colloque États critiques et Transitions disciplinaires. EA 1569 : colloque quadriennal (18-19 novembre 2011)

  • Emily Ngubia Kuri (Université de Berlin) The Challenge of Gender Research in Neuroscience
    - Présentation suivie d’une table ronde avec Hélène Marquié (P8) et Claude Safir (P8) sur le genre et les neurosciences.

« Études expérimentales de la prosodie de l’anglais »

(le 25 mars 2011 : demi-journée d’étude)

« Le bilinguisme »

(le 4 juin 2010 : demi-journée d’étude)

« La syllabe : approche phonétique »

(le 7 mai 2010 : demi-journée d’étude)

  • Malina Ditcheva (Université de Plovdiv)
  • Roussi Nikolov (Université de Plovdiv)
  • Elise Ryst (LAPS, Paris 8)

« Grammaire en contexte, appropriation et enseignement des langues étrangères : le cas du syntagme nominal »

(le 30 juin 2009 : journée d’étude coorganisée avec Paris 3)

« Bilinguisme et Phonétique et didactique de l’anglais oral »

(le 5 juin 2009 : journée d’étude)

- Bilinguisme

  • Pr. François Grosjean (Professeur honoraire à l’Univrsité Neuchâtel) : « François Grosjean répond à vos questions sur la personne bilingue » (visio-conférence depuis Neuchâtel). Cette conférence a fait l’objet d’un DVD intitulé « La personne bilingue : mythes et réalité ».

- Phonétique et didactique de l’anglais oral

 
 

Résumés des communications

 

La voix en pilotage automatique : maintenir la voix sur une trajectoire et avec une vitesse préétablies avec le logiciel RTComp pour les besoins de la correction phonétique

Roussi NIKOLOV et Malina DITCHEVA

 

La voix humaine comme phénomène acoustique est déterminée, d’abord, par les propriétés biomécaniques de l’appareil de production de la parole, notamment par des données relatives à la géométrie des cavités résonatrices, l’élasticité des tissus du canal vocal et la cinématique des organes mobiles de la parole (cf. par ex. le modèle de Maeda).

 

Dans la parole, ensuite, ces potentialités vocales se réduisent à des inventaires de sons qui obéissent aux contraintes de la phonologie fonctionnelle (cf. Functional Phonology de Paul Boersma, ainsi que la théorie de l’optimalité).

 

Enfin, dans la pratique langagière d’un individu, normalement limitée à l’utilisation régulière de seulement une ou deux langues particulières, il intervient un conditionnement moteur (notamment articulatoire) et perceptif (notamment auditif), et par là une perte partielle, à plus forte raison pour l’adulte, de ses facultés d’acquisition « naturelle » des langues. Le processus inverse, c’est-à-dire la redécouverte par l’adulte de ses potentialités vocales et un reconditionnement vocal nécessaire à l’acquisition du système phonique d’une langue étrangère est, on le sait, très problématique.

 

Par conséquent, quand on part à la recherche de la voix perdue (titre de l’ouvrage de Julie Ternisien), il y a lieu de s’intéresser non seulement aux dysfonctionnements du langage oral, mais aussi au fonctionnement, trop « normalisé » par l’âge, des mécanismes de production/perception de la parole. Quel qu’en soit le cas, l’une des voies nouvelles et prometteuses qu’adoptera la phonétique corrective face aux apprenants adultes est ouverte par les technologies de l’information.

 

Le logiciel RTComp (Real-Time Comparison) est un outil nouveau d’analyse, de visualisation et de comparaison des caractéristiques acoustiques de la voix (parlée ou chantée). Son originalité par rapport à SaRP - Speech Analyzer Rapid Plot, est 1) d’opérer en temps réel et 2) de ne pas se limiter aux seules voyelles et à leurs deux premiers formants. En revanche, toujours par opposition à SaRP, RTComp n’est pas un outil de recherche phonétique, mais seulement d’(auto-)apprentissage, notamment d’exploration et de maîtrise de ses potentialités vocales, d’évaluation automatique, objective et analytique (car multiparamétrique) et de correction autoguidée de la prononciation (http://web.uni-plovdiv.bg/rousni/rtcomp/).

 

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Voix et orthophonie, ou Prendre la peine de n’en point prendre

Claire PILLOT-LOISEAU

 

« Le principe des principes, c’est de prendre la peine de n’en point prendre » : c’est ainsi que Jean-Philippe Rameau (1760), musicien français et théoricien de la musique du 18ème siècle, s’exprimait à propos de l’éducation vocale : voici annoncé l’objectif de la rééducation orthophonique auprès des patients dysphoniques, alors que le mot « orthophoniste » n’apparaît en France qu’en 1830 !

 

La dysphonie est une altération objective ou subjective du support sonore de la parole se traduisant par l’atteinte isolée ou combinée de la hauteur, de l’intensité et du timbre vocaux, évalués objectivement au moyen d’échelles standardisées perceptives (Dupessey et Coulombeau 2003), acoustiques ou physiologiques (Pillot-Loiseau 2011). Cependant, ces altérations vocales, involontaires et gênantes pour le patient, s’entendent de manière contrôlée dans certaines techniques vocales. L’altération du comportement vocal (posture, respiration, tensions corporelles) accompagne ces troubles vocaux et aboutit à une attitude de forçage dont les facteurs favorisants et déclenchants sont multiples (Le Huche et Allali 2001, 2002).

 

Toute population, enfant (Pillot 2007), adulte ou personne âgée, est potentiellement concernée ; les sujets utilisant abondamment leur voix sont plus exposés aux troubles vocaux.

 

Les pathologies vocales d’origine organique concernent notamment les cancers du larynx pouvant entraîner son ablation (laryngectomies, Crevier Buchman et al. 2003), les lésions bénignes laryngées, la paralysie du nerf innervant les plis vocaux (Le Huche et Allali 2007), et les pathologies neurologiques (Pinto et al. 2010). L’altération vocale peut se révéler d’origine fonctionnelle, le cercle vicieux du forçage vocal s’installant prioritairement à l’apparition de lésions. Un élément psychogène peut aussi composer ce tableau clinique de dysphonie (Aronson 1983). Cependant, quelle qu’en soit l’origine, la rééducation vocale agit prioritairement sur l’altération du geste vocal en veillant techniquement à la solidité du terrain de la détente, du socle de la respiration et de la voix elle-même (Andrews 1995-1997, Ramig et Verdolini 1998), dans un contexte thérapeutique globalisant pour le patient dont l’écoute de la plainte est primordiale pour s’assurer de l’efficacité de la prise en charge (Ammann 1999). Celle-ci demeure au carrefour de maintes disciplines, dont les sciences du langage, qui ne sont pas en reste.

 
  • AMMANN I. (1999). De la voix en orthophonie, Éditions SOLAL, Marseille, collection le monde du verbe, 131 pages.
  • ANDREWS M.L. (1995-1997). Manual of voice treatment, pediatrics through Geriatrics, Clinical Competence Series, Singular Publishing Group, Inc., San diego, London, 622 pages.
  • ARONSON A.E. (1983). Les troubles cliniques de la voix, 2ème Édition, Masson, Paris, 265 pages.
  • CREVIER-BUCHMAN L., BRIHAYE S., TESSIER T. (2003). La voix après chirurgie partielle du larynx, Editions SOLAL, collection voix, parole, langage, Marseille, 208 pages.
  • DUPESSEY M. et COULOMBEAU B. (2003). À l’écoute des voix pathologiques, éditions Symétrie, Lyon, 103 pages, avec un CD-Rom d’écoute d’exemples de voix normales et pathologiques.
  • LE HUCHE F., ALLALI A. (2007). Défauts de mobilité laryngée et réhabilitation fonctionnelle, Editions SOLAL, Marseille, 292 pages.
  • LE HUCHE F., ALLALI A. La voix, en quatre tomes, I. Anatomie et physiologie des organes de la voix et de la parole (2001, 199 pages) ; II. Pathologie vocale d’origine fonctionnelle (2001, 190 pages) ; III. Pathologie vocale d’origine organique (2001, 160 pages) ; IV. Thérapeutique des troubles vocaux (2002, 211 pages) ; Edition Masson, Paris, Collection phoniatrie.
  • PILLOT, C. (2007). La voix de l’enfant et de l’adolescent : physiologie, évolution, pathologie et traitement. Bulletin de l’Association des Professeurs de Formation Musicale (APFM), 49, 24-28.
  • PILLOT-LOISEAU, C. (2011). Pression sous-glottique et débit oral d’air expiré comme aides à la pose du diagnostic de dysodie ; implications pour la rééducation vocale, Entretiens d’orthophonie 2011, Entretiens de Bichat 2011, Paris 23-24 septembre 2011, 32-45.
  • PINTO, S., GHIO, A., TESTON, B., VIALLET, F. (2010) La dysarthrie au cours de la maladie de Parkinson. Histoire naturelle de ses composantes : dysphonie, dysprosodie et dysarthrie, Revue Neurologique, vol. 1666, pp. 800-810.
  • RAMEAU, J.P. (1760). Code de musique pratique, chapitre 3 : « méthode pour former la voix ; article premier : moyens de tirer les plus beaux sons dont la voix est capable, d’en augmenter l’étendue et de la rendre flexible », 13-20.
  • RAMIG, L.O., VERDOLINI K. (1998). Treatment Efficacy Voice Disorders, Journal of Speech, Language, and Hearing Research, 41, 101-116.

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De l’emprunt à l’empreinte vocale : traversées et chemins de traverse de "la voix"

Claire GILLIE

 

La voix est cette part de notre corps qui peut sortir de nous pour aller habiter le corps de l’autre ; sans la voix, la parole ne saurait se dire ni le chant se moduler. Se déployant dans un espace-temps partagé, elle nous fait échapper à l’informe du cri ou à la sidération du silence, nous permettant d’inscrire notre empreinte, notre signature vocale dans la polyphonie sociale.

 

Mais parfois, mise en demeure de parler, de chanter, de se fondre ou d’émerger du groupe, il arrive que la voix se terre ou aille jusqu’à se taire. Ainsi mise à l’épreuve d’un plaisir qui n’ose s’avouer jouissance, il arrive que la voix objecte à la parole et au chant ; elle se cabre, se fait voix dissidente, s’exile du corps, déserte le champ de la rencontre avec l’autre. Elle déraille, parfois se pathologise, et convoque des savoirs souvent morcelés (musical, médical, pédagogique, culturel, psychanalytique, etc.) afin de se refaire une santé et/ou une beauté.

 

Face au risque de la perte, face aux tentations d’identifications vocales émanant « des autres », face à un « idéal de voix » influencé par les phénomènes de société, quels sont les enjeux de la construction d’une « identité vocale » passée au crible de l’écoute des « autres » ? Comment la voix de l’enfant s’inscrit-elle dans une filiation avec celles des adultes, ou y résiste-t-elle ?

 

Nous verrons que la voix - par structure - emprunte toujours le chemin de toutes les tentations, et joue à quitte ou double avec les ruptures et les excentricités vocales.

 

Elle échappe à toute tentative d’affiliation ou d’assignation, même si la phoniatrie peut nous enseigner à juguler les facteurs de risque, et si la pédagogie de la voix chantée l’accompagne lors de ses pas de côté. Car la voix va toujours chercher plus loin une part de jouissance qui lui manquerait, là où elle se trouve. Elle n’est jamais là où on l’attend (et l’entend). Car en elle, pulse un part non sonore, insu d’elle, et qui appelle l’autre en un point sourd.

 

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How to tell a "he" from a "she" : l’usage des pronoms genrés pour les objets sans genre en anglais

Lilli PARROTT

 

Même si l’usage des pronoms genrés ("he" et "she") pour les objets inanimés est possible en anglais standard (par ex. "she" pour un bateau ou une voiture), il est peu fréquent et limité à un certain nombre d’objets bien définis. Cependant, dans certaines variétés de l’anglais la diffusion du genre est très grande et fait apparaître non seulement l’usage de "she" pour les véhicules et des phénomènes de la nature (orages etc.) - c-à-d, des référents mobiles -, mais aussi l’usage de "he" pour d’autres types d’objets inanimés, en général tous comptables (tree, house, book, etc.). Nous examinerons les différents systèmes d’attribution du genre dans des différentes variétés et nous aborderons la question des catégories - pourquoi certains types d’objets sont toujours du masculin et d’autres du féminin, tandis que pour d’autres types d’objets le genre dépend soit de la variété en question, soit du locuteur ou de la situation d’énonciation.

 

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Voix d’hommes et voix de femmes : différences physiologiques et construction sociale

Erwan PÉPIOT

 

La question des voix d’hommes et des voix de femmes sera abordée sous plusieurs aspects. Dans un premier temps, les différences acoustiques entre ces deux types de voix seront présentées (fréquence fondamentale, fréquences de résonance). Les origines de ces différences seront ensuite discutées : quelles explications physiologiques ? Quelle part de construction sociale ? Dans un second temps, il sera question du traitement de ces voix par le cerveau humain et de l’identification du genre par la voix. Nous verrons que les différences acoustiques entre ces voix, tout comme les représentations qu’en ont les auditeurs, varient sensiblement d’une langue à l’autre.

 

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Voix autres : transsexualisme et transfiguration

Claire GILLIE

 

La voix est très souvent le dernier bastion qui résiste à la réassignation sexuelle, pour celui, ou celle, qui demande à se défaire de sa voix d’homme - ou de sa voix de femme - afin d’être en conformité avec son désir d’une nouvelle appartenance sexuelle, socialement reconnue. Il semblerait que confronté à sa problématique transsexuelle, le sujet s’accapare, s’approprie « la voix de l’autre sexe », en revêt les emblèmes sexués, tout en gommant « le sexe de sa propre voix ». Pourtant, installé dans une langue dont il métamorphose la conjugaison et la grammaire, c’est avec la conviction d’une profession de foi qu’il énonce et annonce sa transfiguration morphologique, scopique, vocale et psychique.

 

Comment la psychanalyse peut-elle avoir « son mot à dire » sur ce recollage voix-corps-langage avant, pendant, et après les coupures et le morcellement, opérés par le médical et le rééducatif en charge du « transsexualiste » ? C’est en se mettant à l’écoute du sujet de cet énoncé, sujet de l’inconscient, et à la lumière des apports freudiens et lacaniens, qu’on pourra entendre derrière la disjonction voix-parole, l’appel d’une autre voix. Celle de la pulsion invocante qui pulse, derrière cette demande impérative, au rythme du désir sinistré.

 

 
 

A propos des études expérimentales sur la prosodie de l’anglais

Daniel HIRST

 

Pour faire des progrès dans l’étude de la prosodie de la parole, on a besoin de modèles explicites prédictifs qu’on peut tester avec des données empiriques. Dans cette présentation je suggère que le paradigme de l’Analyse-par-Synthèse fournit un cadre approprié pour cette tâche. J’illustre l’application de ce paradigme aux deux composants principaux de la prosodie, la mélodie et le rythme. Je montrerai les grandes lignes de la modélisation et codage de l’intonation avec les algorithmes Momel et Intsint et je montrerai rapidement les résultats d’une modélisation du rythme de l’anglais appliqué à un corpus de 5.5 heures de parole. Enfin je présenterai brièvement le projet ProZed, dont le but est précisément de fournir un outil qui permettra à des linguistes de tester différents modèles de la prosodie.

 

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