Judith Deschamps est artiste plasticienne et doctorante ArTeC. Son projet de recherche-création s’intitule Finitude et sublimation : l’IA en fin de vie.

Il interroge le rôle que la co-création avec l’intelligence artificielle (IA) peut jouer dans l’accompagnement de personnes âgées dépendantes, le passage de la vie vers la mort, la sublimation des peurs et/ou des douleurs liées à la finitude. En examinant les liens qu’entretient l’évolution technologique avec une histoire longue de la sublimation des corps, il est question d’élaborer un dispositif artistique « sublimatoire » qui prendra en compte les imaginaires et les transformations physiques liées à la vieillesse et à la fin de vie. En passant par la théologie depuis Platon, l’alchimie au Moyen-Âge, la psychanalyse au 20e siècle ou la computation au 21e siècle, la sublimation envisage le détachement de l’esprit de son ancrage corporel. Enracinées dans cette tradition de pensée, les IA ne prennent pas en compte la réalité évolutive des corps ni la richesse d’autres sensibilités comme celles des personnes âgées, et se trouvent amputées de tout un imaginaire pourtant nécessaire à l’acceptation de la vieillesse et de la mort dans la société. À travers une série d’ateliers d’écriture mobilisant l’argile et un générateur de texte artificiel, des personnes vivant dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) sont invitées à produire une œuvre d’art textuelle et sonore, destinée à être présentée dans des centres d’art. Essentiel à l’éveil d’une conscience éthique à l’égard de la vieillesse et de la fin de vie, un rapport sensoriel à la technologie est engagé, permettant une appropriation de l’IA par un public âgé. Cette perspective non oppositionnelle où l’IA intègre la dimension corporelle de l’être et se dégage des dualités corps/esprit et humain/machine, propose une alternative collaborative, spirituelle et artistique au solutionnisme purement technologique.