28-30 mars 2024 : Zigzaguer / poésie & cinéma


Le colloque "Zigzaguer / poésie & cinéma" aura lieu du 28 au 30 mars 2024 au Centre International de Poésie Marseille.

Il est organisé par Sally Bonn, Vincent Broqua, Pierre Eugène, Philippe Fauvel
Université de Paris 8 (UR TransCrit) et Université de Picardie Jules Verne (UR CRAE)
en partenariat avec le Cipm, le FID (Festival international de cinéma Marseille) et le cinéma la Baleine

"Zigzaguer / poésie & cinéma"
site web du colloque : https://zigzaguer.com/
lien annonce sur le site du Cipm : https://cipmarseille.fr/ecole/4725

A travers des rencontres, conférences, projections, lectures et performances, le colloque réunit chercheurs en cinéma et en poésie, poètes, cinéastes et artistes.
L’enjeu de ces rencontres est d’explorer collectivement, sur la crête des pratiques poétiques et cinématographiques modernes et contemporaines, ce qui les rapproche et les rend étrangères à elles-mêmes. Au programme : parentés, héritages, fantômes, fantasmes et réinterprétations, réécritures du réel, montages mutants, gestes graphiques et impressions figurées, scansions chantantes… consolidation et démantèlement.
Ces rencontres se déploient sur trois villes (Amiens, Paris et Marseille) en deux volets (novembre 2023, mars 2024), au sein de nombreuses institutions partenaires.

Jeudi 28 Mars
CinéFID en partenariat avec le Cipm
• 20h00 — Projection, Locaux du FID, Marseille : Pierre Guyotat, le don de soi, Jacques Kebadian
France, FID 2022. 1h51. Réservation : welcome@fidmarseille.org

Vendredi 29 mars
au Cipm — Cinéma Le Miroir, Centre de la Vieille Charité
Passer le poème
• 14h00 — Introduction : Michaël Batalla & Sally Bonn, Vincent Broqua, Pierre Eugène, Philippe Fauvel.
• 14h15 — Florence Pazzottu : L’opération poème.
Écrire, faire un film à partir d’un texte de Jack Spicer, ou traduire le dernier recueil en vers de Pier Paolo Pasolini resté inédit en français : trois approches d’une même opération.
• 14h45 — Anne Portugal : Parenthèses périodes ou les affr(es)anchis.
Deux héros, Burt Lancaster et Pierre Alferi. Chacun dans sa ligne de nage (The swimmer de Franck Perry, 1968) ou sa ligne de vers (Sentimentale journée, P.O.L, 1997) rivalise d’exploits. Ils fuguent, fuient, plongent, courent, dévalent et dégringolent. Destinée que missionne le poème enjambé en syntaxe longue et que fait advenir l’image surcolorée du swimmer obstiné crawlant de piscine en piscine. Deux procédures parallèles, deux brèves histoires croisées d’« une surenchère/dans la dévastation ».
• 15h15 — Olivier Brossard : Écriture à l’œil et télé-poésie : le cinéma de Richard O. Moore comme « extension du contenu poétique ».
USA : Poetry, la série de documentaires que le cinéaste Richard O. Moore (1920-2015) a consacrée à quelques poètes dans les années 1960, constitue une archive inestimable de l’effervescence poétique qui règne à l’époque, que ce soit sur la côte est ou ouest des États-Unis. Les films de cet homme de radio et de télé, lui-même poète, aspirent à une dimension documentaire qui soit aussi poétique : Moore n’enregistre pas seulement ses sujets, ses films deviennent des extensions cinématographiques des poèmes qui s’écrivent sous nos yeux.
Les documentaires de la série USA : Poetry sont ainsi des méta-poèmes : comme œuvres cinématographiques, ils sont au milieu des poèmes, parmi et avec eux ; mais ils déplacent aussi ces derniers dans le médium du film, pas tant pour brouiller les frontières entre images et mots que pour montrer ce qui fait qu’un poème est un poème. Les documentaires de Moore sont méta-poétiques parce qu’ils révèlent la généricité de la poésie en même temps qu’ils soulignent la spécificité des images qui bougent (motion pictures). Ils ne portent pas vaguement sur les poèmes d’un ou une telle ; ce sont des explorations précises de la nature et de la vie des mots dans le poème.
Cette communication montrera en quelques exemples le moment où la caméra joue de son mouvement propre pour révéler celui de l’écriture à l’écran.
• 15h45-16h45 — Discussions
• 16h45 — Pause
• 17h — Introduction au dialogue entre Arnaud Desplechin et Peter Gizzi
• 17h15 — Peter Gizzi / Arnaud Desplechin : Dialogue à distance.
• 21h — Projection. Cinéma La Baleine, Marseille.
A quiet passion, Terence Davies, 2016. 2h05.
Nouvelle-Angleterre, XIXe siècle. Dans son pensionnat de jeunes filles de bonne famille, la jeune Emily Dickinson ne cesse de se rebeller contre les discours évangéliques qui lui sont professés. Son père se voit contraint de la ramener au domicile familial, pour le plus grand bonheur de sa sœur Vinnie et de son frère Austin. Passionnée de poésie, Emily écrit nuit et jour.

Samedi 30 mars
au Cipm — Cinéma Le Miroir, Centre de la Vieille Charité

Poétique du sous-titrage
• 10h — Cécile Tourneur : Le rapport texte/image dans les films de Jonas Mekas : une poésie underground
Le recueil de poésie Semeniskiu idiles publié en 1948 par Jonas Mekas alors en exil peut être perçu comme la matrice de son œuvre à venir, qu’elle soit littéraire, critique ou cinématographique. Dans ses films, si cela se traduit formellement, la poésie semble aussi œuvrer en souterrain, à fleur d’images. Les intertitres, écrits en anglais et présents en nombre dès Diaries, Notes and Sketches (Also Known as Walden) (1969) composent un « sous-titrage » poétique des films, mais fonctionnent aussi comme des plans à part entière. Il s’agira d’éclairer ce double statut de mot et d’image et les stratégies du poète pour les faire exister ensemble, à la croisée de deux pratiques et deux langues.
• 11h — Bernard Eisenchitz (sous réserve)
• 12h — Vincent Broqua : Louche sous-titre
Le cinéma est l’espace du louche. C’est aussi dans cet espace là que se formulent les rapports entre cinéma et poésie. Considérer la traduction au cinéma (sous-titre, doublages, audiodescription, …), c’est aussi formuler une poétique où tout peut devenir trouble, déplacé, fuyant, pas net, en un mot anglais : shifty.

Réélaborer les rapports : dialogues politiques
• 14h — Véronique Pittolo : Le temps des virils est-il révolu ?
Citation issue de Gary Cooper ne lisait pas de livres, Al Dante, 2003.
Comment trouver une articulation entre les 3 notions, Cinéma, Poésie, Politique : Où est la priorité ? Mettre du poétique dans le cinéma ? Faire un cinéma politique ? La politique comme un truc en plus, une plus value ?
Dans mon écriture, j’ai tenté d’explorer des déplacements, un changement de perspective, de focale, afin que le lecteur (de poésie) puisse éprouver des émotions (de cinéma), au cœur même d’un texte de poésie. Un plan séquence devant agir exactement comme un poème. Il s’agissait aussi de modéliser des stéréotypes : les bruns, les blonds, les femmes, les actrices. L’acteur n’est plus dissocié du personnage, etc… projection de fantasmes etc.
• 14h30 — Projection d’un film court de Frank Smith
• 15h — Frank Smith : La mer allée avec le soleil : Vers un nouveau « cinéma de poésie » ?
À la fois poète et vidéaste, réalisateur d’une vingtaine de films et autant de livres, Frank Smith mène une recherche sous le titre La mer allée avec le soleil. Vers un nouveau « cinéma de poésie » ?
Cette recherche théorico-pratique consiste dans le développement, sous la forme de « l’atlas », d’une investigation tournant autour des rapports entre cinéma et poésie dans un contexte politique, et à réfléchir à ce qui pourrait constituer aujourd’hui un nouveau « cinéma de poésie », à partir des expérimentations notamment opérées à l’origine par Pier Paolo Pasolini, en traversant celles des Straub, de James Benning, de Michael Snow, de Jean-Luc Godard, de Hollis Frampton, de Barbara Probst, de Hiroshi Sugimoto, et de ses propres réalisations, etc.
À la question du politique que posait Hannah Arendt – « comment peut-on être chez nous sur terre aujourd’hui ? », la création visuelle et poétique doit nous permettre de se positionner : quelles langues et quelles images inventer, et leur coalition, pour nous permettre d’être chez nous aujourd’hui ? Comment construire, par elles, un monde commun — en commun ? Comment ne plus douter de la réalité des mots et des images face à ce qui nous environne ? Comment trouver et rassembler des moyens poétiques et filmiques par la multiplication tant des points de vue que des points de dire, afin de nous défaire des clichés et des préjugés dans notre rapport au vivant et à la terre ?
Dans un monde saturé d’images et de mots, il nous faut repousser la question du voir à ses propres limites pour accéder à des visibilités qui se tiennent elles-mêmes aux limites de l’invisible, et de même pour le parler, qui porté à ses propres confins, doit pouvoir toucher à une forme d’indicible.
Parce que ce que l’on dit ne loge jamais dans ce que l’on voit et parce que ce que l’on voit ne loge jamais dans ce que l’on dit, un nouveau « cinéma de poésie » consisterait à évaluer la disjonction, la non-conformité, le non-isomorphisme qui s’opèrent entre voir et parler, entre visible et énonçable, entre visibilités et énoncés, entre le processus machinique du voir et le procédé énonciatif du parler, entre le il-y-a-la-lumière et le il-y-a-du-langage, à évaluer comment se creusent les différences entre évidence, d’un côté, et discursivités, de l’autre, pour poser ce qui pourrait atteindre à une opération ultime : Le Film de la lumière et du silence...
• 15h30 — Marie Rebecchi : Montage Zone. T.S. Eliot et Chris Marker
Thomas Stearns Eliot publie The Hollow Men en 1925, au lendemain de la tragédie de la Première Guerre mondiale. En 2005, Chris Marker réalise OWLS AT NOON Prelude : The Hollow Men, une installation multimédia de 19 minutes, présentée pour la première fois en 2005 au MoMA de New York et en 2018 à la Cinémathèque française, inspirée du poème "beau et désespéré" d’Eliot. Un prélude ciné-poétique à un voyage qui commence par l’un des moments fondateurs de notre époque : la Grande Guerre.
• 16h-17h — Discussions
• 17h30 — Clôture